Conte en provenance d’Amérique centrale,
Tiré du livre d’Henri Gougaud : « L’arbre aux trésors »
« Celle qui ne meurt pas »
« Croyez-vous que la mort soit un malheur imposé par verdict céleste ? Non. En bon voyageur, chaque homme prend seul sa décision de quitter son corps et sa maison, mais il l’ignore. Cela se juge au fond secret de son cœur.
Quand un homme a décidé de mourir, les Esprits de l’air, de l’eau et du feu que l’on nomme Wayantekob entendent l’appel de son âme. Alors, la nuit venue, ils sortent de la forêt et vont l’attendre, penchés sur le hamac où dort le corps qu’elle habite. Dès qu’ils la voient sortir de lui, ils la saisissent, l’enferment dans une petite jarre et l’emportent sans bruit.
Quand cela survient, l’homme est à peine malade, et son âme est minuscule. Les Wayantekob la posent sur une fleur d’orchidée et la protégeant comme une flamme fragile, ils vont la présenter au dieu de la pluie.
« Vois ce que nous t’avons apporté, lui disent-ils. N’est-ce pas une belle vie ?
Mais le dieu de la pluie (noble, trop noble personnage !) refuse leur offrande. Il se détourne, la bouche dédaigneuse, agite son vêtement de nuées. « Allez- vous-en, leur dit-il, je ne veux pas chez moi de cette chose. » et le tonnerre gronde, et l’averse s’abat sur la forêt.
Alors les Wayantekob remettent l’âme dans la petite jarre, et l’âme grandit. Elle est notre être véritable, ils la soignent jalousement, avec une tendresse très vigilante. Bientôt, prenant vigueur, elle se trouve à l’étroit dans la jarre première. Alors ils la mettent dans une autre plus spacieuse, afin qu’elle grandisse à son aise. Dès l’instant où elle entre dans la jarre deuxième, le corps de l’homme qu’elle a quitté se sent las et souffrant. Il ne peut plus se lever de sa couche.
Son âme grandit encore jusqu’à ne plus contenir dans la jarre deuxième. Alors les Wayantekob, contents comme des pères devant leur enfant affamé de vie, la prennent dans leurs mains et la déposent dans une troisième jarre, la plus vaste qu’ils aient. A ce moment, l’homme dans le hamac sait qu’il va mourir. Il ne peut plus manger, ni parler, ni ouvrir les yeux à la lumière. Son âme a son visage, sa chevelure, son regard, sa beauté, mais elle n’est pas plus haute qu’un cœur. Il faut qu’elle grandisse encore jusqu’à atteindre la taille d’un enfant. Alors les Wayantekob la sortent de la jarre troisième.
Au même instant, le corps trépasse. Et voyant ce corps gisant sans vie l’âme se prend à rire, joyeuse, délivrée. Elle rit de voir réduite à l’état de cadavre la carcasse où elle a si longtemps sommeillé, et qui a si longtemps douté d’elle. Elle rit de voir sa famille en pleurs, et ses voisins contrits, et sa femme ignorante en appeler au Ciel. Elle rit parce que ces gens autour du défunt ne soupçonnent pas sa présence. Elle rit parce qu’elle est immortelle et qu’elle le sait maintenant.
Elle est l’être véritable, je vous l’ai dit. Ne m’avez-vous pas entendu tout à l’heure ? Pourquoi donc vous trompez-vous encore à pleurer ceux que vous croyez morts et qui vivent, savants et paisibles, chez les Wayantekob ? »
,
Le sapin de Noël et sa symbolique
Au lieu de parler de « fête de Noel »,
Celle qui ne meurt pas
Conte en provenance d’Amérique centrale, Tiré du livre
La plume lourde
tiré du livre d'Henri Gougaud : « L’arbre